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L’autoconsommation est une solution pour promouvoir le solaire

Par l’Info Durable . Interview de Daniel Bour Enerplan: En France, nous avons une orientation historique qui n’est pas tout à fait tournée vers le solaire mais plutôt vers l’énergie nucléaire. Ça a été une bataille très difficile pour faire comprendre que le solaire représentait l’avenir de la transition énergétique. Quand on voit ce qui se passe dans le monde, c’est impressionnant. Actuellement on en parle beaucoup à cause des programmations pluriannuelles de l’énergie ou PPE. En France on ne se rend pas compte mais nous sommes globalement en retard sur ce secteur par rapport à l’Allemagne, l’Italie ou les pays du Benelux.

solaire voitures électriques
solaire voitures électriques

Que pèse le solaire dans le mix énergétique français ?

Rien. Actuellement on doit compter un peu plus de 2 % de photovoltaïque dans la production française. Notre objectif, c’est que cette énergie représente au moins 10 % de notre production d’ici 2028. Il nous faut donc multiplier par cinq nos chiffres. Pour cela nous allons avoir besoin d’un changement de paradigme. Pour l’instant, on ne se donne pas encore les moyens pour atteindre cet objectif-là.

L’autoconsommation peut-elle être une solution pour promouvoir le solaire ?

Bien sûr. Mais il faut avoir conscience qu’en France, on est schizophrène à ce propos. C’est-à-dire qu’on en parle beaucoup et tout le monde l’approuve mais dans les faits tout est bloqué pour que rien ne soit fait. Je vous donne un exemple. Il est beaucoup plus intéressant pour un particulier de vendre l’intégralité de son électricité à EDF plutôt que de la consommer lui-même. On favorise ce qu’on estime être contrôlé, ce qui dessert l’autoconsommation.

La France est une naine en matière d’autoconsommation. On ne pèse absolument rien. L’Italie s’investit cent fois plus que nous, tout comme l’Allemagne. Dans beaucoup de pays européens, toutes les installations solaires de petite taille sont prévues pour l’autoconsommation ce qui est bénéfique pour tout le monde. Mais en France il y a un blocage pour de multiples raisons. Pourtant quand on réalise des sondages, on se rend compte qu’une majorité des Français soutiennent l’autoconsommation et aimeraient y avoir accès. Mais dans la réalité que ce soit du côté administratif ou du côté économique, on préfère que les Français revendent leur production à EDF. Cela coûte à la fois plus cher à la collectivité et ne correspond pas aux vœux des Français.

Si mon logement le permet, comment passer à l’autoconsommation ?

C’est assez simple. On trouve partout sur internet des professionnels qui installent des centrales photovoltaïques pour les particuliers. Il faut cependant penser à bien vérifier qu’ils possèdent toutes les qualifications nécessaires. Personnellement je conseille toujours de consulter au moins deux professionnels pour être sûr que les discours concordent. Ensuite il existe deux possibilités : revendre l’électricité produite à EDF ou choisir l’autoconsommation. Même si actuellement la revente est sans doute plus rentable, le propriétaire peut choisir de garder son électricité pour ses propres besoins. Dans ce cas-là, il doit demander au professionnel de rentrer dans ce régime d’autoconsommation. Il bénéficiera d’un compteur qui lui permettra de mesurer sa consommation tandis que son surplus sera renvoyé sur le réseau pour être racheté.

À partir de combien de temps l’autoconsommation devient-elle rentable ?

Dans le sud de la France, ça prend entre douze et treize ans, ce qui représente un investissement sur le long terme. Cette durée explique qu’il y ait encore peu de gens qui l’utilisent actuellement. Sachant que la revente à EDF permet de rentabiliser son investissement en moins de 10 ans. Il faut également tenir compte du fait que dans de nombreux pays, l’électricité n’est pas rachetée par les pouvoirs publics ce qui encourage l’autoconsommation.

On a beaucoup entendu parler de matériaux rares qui seraient nécessaires à la fabrication de panneaux solaires, le secteur a-t-il fait des progrès dans ce domaine ?

Je pense qu’il y beaucoup d’idées reçues qui circulent à ce sujet depuis longtemps. Un panneau solaire est totalement recyclable de A à Z. Le photovoltaïque c’est avant tout du sable sous forme de silicium donc ce n’est pas très dur à recycler. On pose dessus des matériaux bien connus comme du verre et quelques métaux, comme l’aluminium, pour permettre à l’électricité de circuler. C’est très classique et ça ne pose pas de problème. Il n’y a pas de métaux rares mais surtout d’importantes confusions. Peut-être qu’au démarrage, la question pouvait se poser mais maintenant c’est une chaîne très industrialisée qui fonctionne bien dans le monde entier.

On est donc sûr que le silicium est sans danger ?

Bien sûr, le silicium c’est du sable. C’est recyclable et on en consomme peu. Actuellement, les plus gros progrès se font surtout au niveau de la chaleur et de l’énergie nécessaires pour produire un panneau solaire. C’est vrai qu’auparavant il fallait deux ou trois ans de service pour rentabiliser l’énergie dépensée pour la construction d’un panneau photovoltaïque. Aujourd’hui, ça nécessite à peine un an. Tout avance et dans le bon sens.

Pensez-vous qu’il y ait une confusion avec les batteries chargées de stocker l’énergie?

Tout à fait, on parle beaucoup de lithium et d’autres matériaux rares mais tout cela concerne les batteries de stockages qui devront elles aussi être améliorées. Le lithium est effectivement une question qui peut se poser à moyen et long terme. D’autres solutions sont déjà étudiées et d’autres alternatives seront développées. Mais ne mélangeons pas panneaux solaires et batteries.

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter