Par Environnement Magazine. Le directeur associé d’Euklead, Patrice Berruet, revient sur les opportunités de développement de l’autoconsommation, notamment dans un contexte de hausse des couts et tarifs de l’électricité.
En neuf mois à peine, les couts et tarifs de l’électricité ont connu une hausse spectaculaire de 42%. PME et ETI, saisissez ce contexte inédit comme une opportunité pour améliorer votre efficacité énergétique et produire votre propre énergie ! D’excellents moyens pour réduire la facture et les couts
Un contexte de marché inédit qui pèse lourd sur la compétitivité
Avec la dérégulation, le marché de l’électricité ressemble de plus en plus à la Bourse. D’un jour à l’autre, ses prix et couts varient en fonction de multiples facteurs endogènes et exogènes qui impactent ses composantes -fourniture d’électricité, acheminement, taxes-.
Les neufs premiers mois de 2018 ont été spectaculaires. Le marché s’est emballé avec des hausses de plus de 40% des prix et couts de la fourniture d’électricité. Un trend haussier qui perdurera selon les experts. Ce contexte inédit n’est pas sans conséquence sur la compétitive des entreprises, le poids de la consommation d’énergie pouvant atteindre jusqu’à 20% de leur valeur ajoutée.
Aussi, elles ne doivent plus tarder à mettre en place une démarche d’efficacité énergétique et, au-delà, se poser sérieusement la question de leur propre production d’électricité d’origine solaire notamment.
L’énergie la moins chère est celle qui n’est pas consommée
Cela étant, que les tarifs de l’énergie soient ou non à la hausse, le kWh le moins cher est celui qui n’est pas consommé. Aussi, le meilleur moyen de réduire la facture est de consommer moins. Les entreprises ont ainsi tout intérêt en premier lieu à se lancer dans une démarche d’efficacité énergétique, autrement dit consommer moins pour produire la même chose. Opérer des changements technologiques pour limiter la consommation (améliorer le rendement des brûleurs, changer de chaudière…) est une de nos préconisations. En outre, dans ces cas des subventions de l’État peuvent être versées. Les PME et ETI peuvent également mettre en place des solutions pour récupérer la chaleur générée par le process de production et qui n’est pas valorisée (chaleur fatale).
Cette démarche doit être confiée à un bureau d’études énergie qui possède la qualification OPQIBI (Organisme de certification de l’Ingénierie) et être certifié CMVP (protocole international de Mesure et de Vérification de la Performance Énergétique).
Celui-ci va analyser ce que l’entreprise consomme, comment et pour quel usage, grâce à un plan de comptage de l’énergie qui consiste à installer des compteurs supplémentaires placés à des endroits stratégiques. Cette photographie permettra de concevoir un plan d’actions pertinent dont on peut attendre en outre une économie d’environ 10 % de la consommation d’électricité sous le seul effet de la prise de conscience des situations de gaspillage.
Produire sa propre énergie : aujourd’hui, une solution performante
Si la première réponse à la hausse des tarifs de l’énergie est de réduire sa consommation, la seconde est de produire sa propre énergie. Cette démarche connaît un succès grandissant depuis que la loi du 24 février 2017 permet expressément l’autoconsommation. Avant 2016, les entreprises avaient l’obligation de réinjecter dans le réseau de distribution l’énergie qu’elles produisaient.
La démarche d’autoconsommation, si elle est fort séduisante, doit être menée avec le plus grand sérieux. En effet, il est impératif d’identifier avec justesse les besoins minimaux de l’entreprise afin de les couvrir par la production d’énergie alternative qui pourra se faire à base d’énergies renouvelables comme l’énergie solaire photovoltaïque qui transforme le rayonnement solaire en électricité grâce à des cellules photovoltaïques. Les besoins supplémentaires seront satisfaits par le réseau. Chaque toit d’entreprises, de bureaux, ou d’usines voire les ombrières de parkings peuvent en être équipés à condition d’avoir effectué une étude préalable avec des experts du secteur.
En termes budgétaires, la solution est de plus en plus concurrentielle. En effet, toutes les composantes du prix de l’électricité vont continuer de croître alors que les prix des panneaux photovoltaïques et leur installation sont en baisse constante. Une étude de l’Irena (Agence internationale des énergies renouvelables) sur les coûts de génération de l’énergie à partir de sources renouvelables montre que le prix de l’électricité solaire photovoltaïque a chuté de 73% depuis 2010 sous l’effet de la baisse du coût des matières premières et de l’amélioration des procédés de fabrication. L’énergie produite en autoconsommation est ainsi de moins en moins chère. Par ailleurs, le prix de cette électricité est fixe dans la durée. Il n’est ni impacté par les taxes ni par le marché, alors que celui du réseau fluctue sans que l’entreprise ne puisse en estimer ni le montant et ni le rythme.