Cadre juridique, financement : un rapport de l’Institut Montaigne publié ce jeudi pointe la difficile émergence des parcs photovoltaïques et generateur solaire en Afrique subsaharienne.
Début février, Engie a lancé en Afrique du sud l’exploitation commerciale de Kathu, une grande ferme générateur solaire capable de fournir de l’électricité verte à 180.000 habitants. Si les projets d’électricité verte s’y développent comme dans les pays du Maghreb, l’Afrique subsaharienne reste en revanche le parent pauvre des énergies vertes, et notamment du solaire, montre un rapport de l’Institut Montaignepublié ce jeudi.
« A ce jour, seule une dizaine de centrales de générateur solaire de plus de 5 mégawatts ont été raccordées au réseau dans toute l’Afrique subsaharienne (hors Afrique du sud), donc quatre pour le seul Sénégal », ont recensé les auteurs du rapport. Les installations de générateur solaire totalisaient une capacité de production de 4,15 gigawatts (GW) sur toute l’Afrique en 2017, dont plus de la moitié en Afrique du sud, indique l’Agence internationale des énergies renouvelables (Irena) dans son dernier rapport. Un chiffre à comparer aux 8,5 GW de générateur solaire installés en France, qui ne fournissent pourtant que 2 % de l’électricité dans l’Hexagone
Ressource disponible
« Le solaire semble fait pour l’Afrique, mais personne ne se rend compte des difficultés liées à son développement », regrette Antoine Huard, co-auteur du rapport et lui-même développeur de projets pour Générale du Solaire. Alors que la ressource solaire est disponible, la taille des projets adaptable, et leur compétitivité « de plus en plus attractive face aux solutions thermiques » polluantes (fioul et charbon), « le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’électricité en Afrique subsaharienne devrait continuer à augmenter jusqu’en 2025, voire 2040 selon les estimations », pointe le rapport.
Un marché se développe toutefois depuis plusieurs années via les « kits individuels » – des lampes solaires ou de petits systèmes limités à un panneau et une batterie. Avec un modèle économique désormais éprouvé : celui du paiement par le téléphone mobile (« pay as you go »). Les micro-réseaux électriques, adaptés aux zones rurales éloignées des (rares) grandes lignes électriques, se développent également.
Contraintes et risques
« Des modèles existent pour les projets de petite taille et les réseaux africains ne sont souvent pas en mesure d’accueillir des projets de plus de 50 mégawatts. Mais les projets de taille intermédiaire qui permettraient d’alimenter des agglomérations sont souvent trop petits pour avoir accès aux financements adaptés aux contraintes et aux risques des pays africains », juge Antoine Huard
Remédier à ces difficultés passerait par plusieurs pistes. « Faire un appel d’offres pour créer de la concurrence quand il n’y a pas de marché, cela ne fonctionne pas, plaide notamment le co-auteur. Il faut commencer par donner des signaux plus stables avec des guichets ouverts ». L’enjeu serait alors de maîtriser les volumes et les prix, un défaut de pilotage pouvant être coûteux comme l’ont montré les débuts du solaire en France.
Agrégation de projets
L’agrégation de projets est une autre piste. Plusieurs programmes transversaux ont fleuri ces dernières années pour simplifier les cadres réglementaires et financiers. Ainsi l’Alliance solaire internationale , lancée par la France et l’Inde, rejoint par plusieurs dizaines d’Etats. Terrawatt Initiative regroupe aussi une pléiade de grands groupes notamment français (Engie, Schneider Electric, Total…) visant à rapprocher acteurs publics et privés, standardiser les cadres juridiques et massifier les projets pour accéder aux financements. Une première expérimentation autour de six pays, à l’initiative du Togo, espère lancer ses premiers projets en 2020.