Daniel Bour est président du syndicat professionnel Enerplan et dirige la Générale du Solaire. Avec la chute du prix de l’énergie solaire, Il fait part des ambitions du secteur au Figaro
LE FIGARO -Vous venez d’être auditionné par la Commission d’enquête sur l’impact des énergies renouvelables, qui rendra ses conclusions avant l’été. Comment s’est passé cette audition?
Daniel BOUR – Cette audition était une excellente occasion de remettre les choses à plat. Trop d’idées reçues circulent le prix de l’énergie solaire, il est important de faire le point au moment où nous sommes à un carrefour avec l’application des grandes décisions de politique énergétique.
– Combien coûte le solaire au contribuable?
En 2018, l’ensemble des nouvelles installations solaires qui ont été raccordées au réseau électrique représentent une charge annuelle pour la collectivité de 50 millions d’euros. Cette charge correspond à la différence entre le prix de marché de l’électricité et le prix de l’énergie solaire nécessaire pour rémunérer les investissements consentis par les producteurs d’énergie solaire. En 2011, ce chiffre était de 600 millions! La baisse considérable du prix de l’énergie solaire a donc conduit en moins de dix ans à ce que les volumes raccordés ne coûtent aujourd’hui quasiment plus rien au consommateur. L’essentiel de la fameuse taxe CSPE qui apparaît sur les factures d’électricité correspond en réalité à ces centrales construites en 2013 et auparavant: au rythme fulgurant où évolue notre industrie solaire, 2013, c’est la préhistoire
– Les objectifs de la Programmation pluriannuelle de l’énergie sont-ils atteignables?
Les objectifs de la PPE sont ambitieux: l’énergie solaire vise une part de 10% dans le mix électrique français à l’horizon 2028, contre moins de 2% aujourd’hui. Pour atteindre cette cible, il faut parvenir à multiplier par 4 les volumes annuels raccordés. Ces objectifs sont ambitieux, mais réalistes pour la filière solaire française. Elle est capable de les atteindre car elle est riche de compétences mondialement reconnues et d’acteurs de premier rang: fabricants de panneaux solaires, fonds d’investissement spécialisés, développeurs, constructeurs, bureaux d’études…
– Que manque-t-il au secteur pour continuer à avancer?
Cette filière doit pouvoir exprimer son potentiel, qui est aujourd’hui bridé par des freins qui sont connus et identifiés, à commencer par le premier d’entre eux: la lourdeur des procédures administratives. Obtenir l’ensemble des autorisations nécessaires pour construire un parc solaire en France peut prendre trois années voire plus dans certains cas, contre moins d’un an en Allemagne. Réduire ce délai est techniquement tout à fait faisable, le Premier ministre a d’ailleurs signé le 27 mars dernier un décret mettant en œuvre de nombreuses dispositions pour réduire considérablement les délais de ces autorisations pour les projets en lien avec les Jeux Olympiques de 2024. Si on est capables de le faire pour les Jeux Olympiques, ne peut-on pas le faire également pour la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique?